au château-Gane en forêt du Val, 3 novembre 1933
près de Châteauvillain, mars 1934 II
Près de Châteauvillain
En forêt du Val I
au "Champ Corot" près de Châteauvillain I
En forêt du Val II
saut
en forêt du Val, mars 1932
Près de Châteauvillain 193403 I
au "Champ Corot" près de Châteauvillain II
2013, encre de Chine, acrylique et crayon sur carton, 33x55 cm
A mi-chemin entre la scène
de genre et le portrait, trois grandes représentations de cerfs : ces
instantanés de vie nocturne sont mis en valeur de façon quasi ostentatoire dans
de grands cadres moulurés où les rinceaux, grotesques et arabesques nous transportent
à la Renaissance. Cette élégante quiétude n’empêche pas pour autant de saisir
les scènes de chasse à courre, où l’animal traqué fuit, franchissant les clôtures et les murs de pâtures, où bien attend,
digne et majestueux, sa mort qu’il sait toute proche. Le thème de la chasse et
de la vie animale a quelque chose de suranné mais qu’on ne s’y trompe pas, ces
scènes que d’aucuns qualifieraient de kitsch, ne sont pas l’expression d’une
nostalgie. Zhu Hong se nourrit de l’histoire du Château du Grand Jardin édifié
au 16ème siècle comme un lieu de plaisance dédié au repos et aux
réceptions. Le raffinement avec lequel elle fabrique ces images fait écho avec
intelligence à un art de vivre renaissant. Pour la salle d’apparat, elle pense
une nouvelle enveloppe sur laquelle elle appose littéralement un nouveau décor intérieur qui vient questionner la
fonction décorative de l’art.
La diversité des sources
documentaires et la superposition des techniques (crayon et encre sur papier,
impression numérique) associées au jeu d’échelles participent d’une richesse
esthétique foisonnante et delà, troublante. Le dessin change de statut en
devenant sa propre image agrandie à l’échelle du papier peint. De l’épaisse
moulure des cadres ne subsiste que la « ligne claire ». Le trait de
crayon surdimensionné trahit notre capacité à ne percevoir que par la médiation
de la reproduction… Le dessin « original » serait-il si peu disert quand,
passé au crible de l’imprimante, il dévoilerait son trait tout entier ? Lorsqu’il
est grand, le dessin s’impose au spectateur alors que petit, il exige une proximité
du regard et un rapport intime, exclusif dans l’instant. Les images de Zhu Hong
oscillent entre leur apparition spectrale et leur déliquescence. Quand quelques
taches dorées viennent troubler la vision d’une scène, elles font l’effet de
vieux daguerréotypes piqués –plaques
de cuivre à l’aspect miroitant, ancêtre du papier photographique. Le crayon dur
a ceci qu’il reflète, s’y ajoute les infimes épaisseurs qui se créent à la
bordure des taches d’encre et l’on se retrouve face à un miroir qui renverrait
une image faussée. Il faut alors se déplacer et se focaliser sur certaines
parties pour que la figure se révèle enfin.
-- extrait de texte Décor Intérieur ou la confession de l’apparence de Bertrand Charles
Vue de l'exposition Décor intérieur, Château du Grand Jardin, Joinville, 2013